Marc-André Lanciault entrepreneur numérique illuxi amplio
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La loi 101 sur le Web

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Cette semaine, nous avons mis en ligne notre nouveau site web chez INBOX. Plusieurs mois de travail et nous en sommes vraiment fiers! Mais nous avons dû faire certains choix pour accélérer le processus et lancer le site. Un de ces choix fut de lancer le site en anglais seulement, avec une mention expliquant que la version française est en chemin. Nous sommes effectivement en train de traduire les pages de contenus et nous prévoyons la mise en ligne de cette version française pour la semaine prochaine.Mais ce matin, mon père m’a envoyé cet article de CyberPresse: Loi 101: les infractions s’accumulent sur le web. En gros, on y explique que Urban Outfitters s’est fait taper sur les doigts car sa boutique en ligne n’était pas accessible en français. Ils ont donc décidé de fermer leur site pour les gens qui y accèdent à l’intérieur du Québec.

Je comprends le principe de la loi 101. Je comprends que nous ne sommes que 7 millions de francophones entourés par 400 millions d’anglophones. Je comprends qu’un commerce qui a pignon sur rue au Québec doit s’afficher en français en premier. Je comprends qu’il faille protéger notre langue. Je comprends qu’on puisse avoir peur de se faire assimiler, et qu’on demande au gouvernement de nous protéger.

Mais est-ce qu’on peut arrêter d’exagérer jusqu’à vouloir contrôler la langue dans laquelle un site web doit être fait ? Si une entreprise juge qu’il n’est économiquement pas rentable d’offrir un site web dans une langue spécifique, en quoi est-ce un crime ? Même  si elle possède une place d’affaire au Québec, en quoi cause-t-elle un préjudice aux Québécois unilingues francophones ? Si une personne ne peut comprendre ce qu’un site web raconte, quel est le problème? Il y a 100 millions d’autre sites à aller consulter. Si je vais sur un site en chinois, je ne comprendrai rien, et je vais donc passer à un autre site. Est-ce que cela risquera pour autant de me faire perdre ma langue natale ? Est-ce que le site d’Urban Outfitter, de par son manque de version française, risquera de faire en sorte que des québécois unilingues français veuillent soudainement cesser d’utiliser la langue de Molière pour se concentrer sur la langue de Shakespeare ?

Il y a quelque chose qui me rend fortement inconfortable la-dedans. Comme si on se plaisait à jouer à la victime. On a encore l’impression de faire abuser par les méchants anglos!

J’adore ma langue. Je la parle à la maison, au bureau (lorsque j’y suis physiquement ;-)), à l’épicerie, au nettoyeur, avec mes enfants, avec ma famille, sur mon blog personnel. J’écoute Radio-Canada et TVA, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leur vision des choses (pensée unique, un brin trop à gauche, un brin trop anti-américain, bref, vous voyez le topo…). J’écoute les émissions francophones (Trauma, Mirador, Yamaska, Infoman, La galère, etc…), je lis des livres en français et j’écoute du cinéma québécois.

Mais je ne me limite pas à ça! Avec notre équipe, nos clients, nos fournisseurs, nos partenaires, la plupart de mon réseau de contacts, généralement, ça se passe en anglais. Je lis en anglais, j’écoute les films en anglais, j’écoute des séries en anglais (Tudors, Fringe, 24, Battlestar Gallactica…), je blog en anglais sur mon blog professionnel, etc…

Donc je vis dans les 2 langues, et c’est une superbe richesse! Mais je ne me sens pas comme une victime ayant peur de perdre ma langue. Je n’ai pas peur. Je m’affirme et je garde mes 2 langues. Et je n’ai pas besoin du gouvernement pour cela.

Revenons donc à notre loi 101. Le Web est planétaire. Il représente actuellement un potentiel de 7 milliards d’individus dont une grande majorité parle et lis l’anglais. Comparons cela avec les 7 millions de personnes au Québec. Une goutte dans l’océan, non ?

J’ai une entreprise avec place d’affaire au Québec, c’est vrai. Je me dois de respecter ses lois. Aucun problème avec ça. Je crée de l’emploi, j’exporte des services partout dans le monde. J’importe des dollars de l’extérieur du Québec. Et je paie des impôts. Personnellement, et corporativement. Oh, c’est bien peu sur l’ensemble des entreprises du Québec. Mais que se passera-t-il le jour où les entreprises du Québec (surtout dans le domaine du Web et des technologies) réaliseront que l’entrepreneurship n’est pas valorisé au ici. Que le gouvernement place beaucoup de bâtons dans les roues des entreprises. Que la lourdeur gouvernementale et bureaucratique est de plus en plus poussée. Que se passera-t-il lorsque ces entreprises en viendront à la conclusion que, pour protéger un marché de 7 millions d’habitants, lorsqu’il y a des milliards de gens à courtiser, ça n’en vaut tout simplement pas la peine?

Ces entreprises déménagerons ailleurs. Privant ainsi le Québec d’emplois, d’impôts, d’avancement, de leadership, de réussite et ultimement, de prospérité.

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