Marc-André Lanciault entrepreneur numérique illuxi amplio
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La fa(r)ce de l’entrepreneurship

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Je crois que ça fait 4-5 ans que je ne lis que très rarement sur l’entrepreneurship. Dans ma trentaine, je ne lisais QUE sur l’entrepreneuriat, le leadership, la vente, le bonheur au travail, la culture d’entreprise. J’en veux pour preuve une recherche avec le mot « livre » sur le présent site. J’avais une soif inépuisable d’apprendre. Le beginner mindset, toujours vouloir apprendre plus.

Puis, il y a quelques années, j’ai tout arrêté. J’ai complètement cessé de consommer ce genre de contenu. Ma copine vous dirait que je suis bon là-dedans: « passer du tout au rien ». Effectivement, je ne suis pas super bon avec l’équilibre, la modération, etc. Je lis toujours autant, mais presqu’exclusivement de la fiction. Plutôt même de la science fiction. D’ailleurs, vous devez absolument lire la série Esperanza 64 de Julien Centaure, c’est tout simplement extraordinaire… L’histoire se déroule sur 20 000 ans et… Mais je m’écarte là…

Haut-le-coeur

Toujours est-il que j’ai tout arrêté. J’ai fait une écœurantite aiguë. Un genre de haut-le-coeur généralisé envers tout ce qu’on peut lire, entendre ou voir sur l’entrepreneuriat. Parce que je réalise que la plupart du temps, c’est fake. Je le vois maintenant, entre les lignes. Je ne le voyais pas avant, car je jouais moi aussi dans la même pièce de théâtre.

Ça me fait penser au sketch du Jeune entrepreneur, impersonnifié par Adib Alkhalidey dans Like Moi. C’est drôle, je ne l’avais justement pas trouvé drôle la première fois que je l’ai vu. Précisément parce que le sketch est criant de vérité. Je me reconnaissais là-dedans. Je nous reconnaissais, tous et chacun d’entre-nous qui avons joué ou qui joue encore dans cette comédie de l’absurde.

Prenons 2 minutes pour savourer ce chef-d’œuvre.

Source: Like Moi, Saison 3, épisode 10

Être parfait pour réussir

Et ce matin, je suis tombé sur un article de Kevin Deniau sur Les Affaires, ou il discute avec Nicolas Rabouille de Rablab.

Il y a trop de tabous et de façades dans le monde des affaires. Personne n’ose montrer sa vulnérabilité, ce qui donne l’impression qu’il faut être parfait pour réussir.

Nicolas Rabouille

Tellement. Et c’est ça qui, lentement, année après année, a commencé à me donner mal au cœur. La game de la business. Parce qu’il ne faut pas se le cacher, c’est une game.

Quelques-uns passent GO et empochent des milliards, beaucoup y perdent leur chemise, d’autres n’en sortent même pas vivant.

Parce que c’est vraiment dur. Mais peu de gens en parlent. Parce qu’il faut avoir l’air fort. Faut avoir l’air de réussir. Fake it until you make it, qu’ils disent?

Personne ne veut faire affaire avec un looser. On aime mieux faire affaire avec quelqu’un qui a l’air de réussir, mais qui te vend de la cochonnerie plutôt qu’avec quelqu’un plus low key, sans Instagram avec-les pouces-dans-les-airs-disant-que-ça-va-bien mais qui t’offre vraiment quelque chose d’extraordinaire.

Les apparences. Les maudites apparences.

Et l’extraordinaire volume de bullshit qu’on entend constamment. Quand c’est pas des demi-vérités, ce sont des quasi-faits boostés aux stéroïdes ou juste carrément des mensonges.

Je les vois maintenant. Je les vois monter sur scène et raconter leur parcours impressionnant, mais plutôt librement adapté d’une inspiration de faits semi-vécus.

Je les vois poster sur les réseaux sociaux constamment pour montrer à quel point ils sont hots. C’est à se demander parfois si c’est l’action qui est à l’origine du post ou plutôt l’inverse ;).

Et comprenez-moi bien: le destinataire de la première pierre que je lance, c’est moi ;). J’ai tout fait ça moi aussi. J’ai l’impression qu’on fait tous ça. Et ça commence avec la première carte d’affaires où, comme titre, tu te donnes celui de Founder and CEO. Ben oui! T’es tout seul dans ton demi-sous-sol, pas d’employé, 2 clients, 14 500$ de chiffre d’affaire cette année, mais c’est pas grave, parce que t’es Founder and CEO :).

Au final

Au final, je n’ai pas vraiment de conclusion à ce billet, désolé. Il me semble que, la plupart du temps, si j’amène une problématique, j’essaie de proposer des pistes de solutions. Question que ce ne soit pas juste du chialage pour du chialage. On dirait qu’aujourd’hui, c’était juste du venting.

Avec le temps, je crois que je me suis replié sur moi-même et auprès des gens autour de moi. Je me concentre sur notre équipe, nos employés, sur ce qu’on essaie d’accomplir. C’est comme si l’objectif avait changé. Ce n’est plus de réussir à tout prix, de vendre 40 milliards, de changer le monde.

L’objectif est devenu l’activité en soi. L’entrepreneuriat lui-même. Le fait de bâtir quelque chose. De travailler avec des humains. De grandir ensemble. L’objectif est devenu le jeu lui-même. Continuer à jouer le plus longtemps possible.

Il y a quelques années, je vous aurais mis ça dans une belle citation avec un post inspirationnel:

It’s about the journey, not the destination.

#inspiration #entrepreneurship #wow

La différence, c’est qu’avant, juste parce que je le criais sur les toits sociaux d’Internet, je croyais que c’était suffisant pour que ce soit vrai dans ma vie.

Aujourd’hui, je préfère le dire moins, mais le vivre plus.

Commentaires

Une réponse

  1. Vu que tu cries le même slogan « inspirationnel » sur les toits de ce billet tout en prétendant le vivre plus qu’avant, je me demande si c’est du lard ou une nouvelle recette de déjection bovine. ???? #trolliLOL
    Plus sérieusement, je te comprends tout à fait. Moi aussi, j’ai traversé un à un tous les mythes de l’entreprenariat, de la communication, de la tech et même du mouvement syndical avant de comprendre que c’est notre civilisation toute entière qui est corrompue, envoûtée par les mirages d’un capitalisme trop oligarchique pour être honnête et, à toutes fins utiles, irrécupérable. Il faudrait tout changer mais l’inertie du système et la puissance de sa force de gravité centripète fait que ça ne se fera probablement pas ou, en tous cas, pas dans la joie ni dans la bonne humeur.
    J’ai trouvé une solution, mais de très bas niveau. Sortir du mur et cultiver son jardin au sein d’un environnement naturel encore viable et en symbiose avec une communauté solidaire (eh oui!), créative et de bonne volonté.
    Évidemment, cet objectif modeste mais résilient est plus facile à atteindre naturellement lorsqu’on a atteint l’âge de la retraite ???? mais j’ai confiance que tu finiras, toi aussi, par trouver ta voie, celle d’«Un monde nouveau» — excellente mini-série documentaire de l’activiste écologiste français Cyril Dion à voir sans faute sur ARTE.TV à l’aide d’un VPN (IP France).
    Bons baisers de Rimouski! ????????✌️

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